Les Brigades Canines / Cynophiles de la Police Municipale

Les brigades canines de police municipale se développent de plus en plus dans les communes françaises. Grâce à des chiens entraînés, elles luttent contre la délinquance, sécurisent les lieux publics et participent à créer du lien entre la population et les forces de sécurité.

Dans cet article, nous vous invitons à découvrir les unités cynophiles de la police municipale, leurs origines, leur fonctionnement et leurs missions.

Que sont les Brigades Canines de la Police Municipale ? Histoire et présentation
Quelles sont les missions des Unités Cynophiles ?
Quels sont les effectifs des Brigades Canines ?
Quels sont les équipements, armes et véhicules des Brigades Cynophiles Municipales ?
Comment devenir Maître-Chien dans la Police Municipale ? Concours, formation, recrutement, salaire
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Les origines des duos de maîtres-chiens

Il est difficile de déterminer précisément quand la police municipale a commencé à employer des maîtres-chiens. Certaines sources nous indiquent l’utilisation des chiens par les communes dès la fin du 19ème siècle :  

• Le Havre aurait utilisé des chiens dès les années 1880 pour surveiller les quais et les zones portuaires.

• Marseille aurait fait de même pour lutter contre la mendicité et le vagabondage.

• À Lyon, une brigade canine aurait été créée en s’inspirant des pratiques en Allemagne et en Autriche.

Nous savons que la ville de Neuilly-sur-Seine était déjà dotée d’une brigade canine de police municipale en 1907 qui comptait au moins 3 maîtres-chiens et autant de compagnons à 4 pattes : les agents Blois, Godot et Castin et leurs chiens Black, Job et Dick.

Cette brigade canine a notamment été employée dans la lutte contre la bande des Apaches, des voyous actifs en région parisienne au début du 20ème siècle. Ils étaient connus pour avoir perpétré de nombreux vols, agressions et viols.

Les brigades canines de police municipale se multiplient au fil des années, et particulièrement ces dernières années.

En effet, les communes investissent de plus en plus dans leurs polices municipales et les chiens de patrouilles ont démontré leur efficacité à de nombreuses reprises.

Les missions de ces unités sont variées :

• Lutte contre la délinquance : Les chiens sont employés pour dissuader les délinquants et interpeller les suspects.

• Surveillance de bâtiments : Ils patrouillent au sein des zones sensibles et aident à repérer et à dissuader des individus suspects.

• Recherche de personnes ou de produits illégaux : Les chiens sont utilisés pour retrouver des personnes disparues, notamment des enfants et des personnes âgées, ou des stupéfiants par exemple. Ce sont des spécialités que l’on retrouve surtout chez les chiens de la police ou de la gendarmerie. Bien que très rare en police municipale, ces initiatives ont tendances à se développer ces dernières années, au même rythme que les brigades canines.

• Sensibilisation du public : Les brigades participent à des actions de prévention, particulièrement dans les écoles et les quartiers.

Ces dernières années, les brigades canines se sont professionnalisées avec des formations plus poussées pour les maîtres-chiens et des conditions d’utilisation des chiens de plus en plus strictes. Aujourd’hui, elles jouent un rôle crucial dans les forces de sécurité françaises, et contribuent à la sécurité des citoyens et à la qualité de vie en milieu urbain.

A noter : n’hésitez pas à consulter nos articles sur les brigades cynophiles de police nationale, et les brigades canines de la gendarmerie.

Fonctionnement d’une unité cynophile

Une brigade canine de police municipale peut être créée à la suite d’une décision du maire, après délibération du conseil municipal, ou par une décision conjointe du président de l’Établissement Public de Coopération Intercommunale (EPCI) et des maires des communes concernées.

Une brigade canine se compose d’au moins une équipe cynophile, comprenant un agent de police municipale nommé maître-chien et un chien de patrouille. Si la brigade possède au moins cinq chiens, elle doit obligatoirement employer un maître-chien entraîneur.

Les chiens sont achetés par la commune ou l’EPCI, qui en est propriétaire jusqu’à ce que le chien soit réformé. La commune choisit le chien qu’elle souhaite (elle n’a pas de contrainte de race). Elle peut l’acheter auprès d’un éleveur ou bien l’adopter dans une association par exemple.

La plupart des chiens de police municipale sont des bergers belges malinois. Connus pour leur agilité, leur intelligence et leur polyvalence, ils sont très prisés par les forces de l’ordre.

Certaines communes ont également choisi des races moins communes pour des chiens de police, comme celle de Lagny, qui a recruté dans ses rangs une jeune staff nommée Sativa. Abandonnée et maltraitée, la jeune chienne a ému le chef de la police municipale de Lagny, au point qu’il a décidé de l’adopter et d’en faire sa partenaire. Elle est aujourd’hui formée à la détection de stupéfiants et est devenue la mascotte du commissariat.

Le chien de police municipale peut résider dans un chenil dédié de la commune ou bien au domicile de son maître-chien.

Après plusieurs années de service, ou suite à une blessure/maladie, le chien policier peut prendre sa retraite. La réforme est prononcée par le maire, suite à un avis vétérinaire ou bien celui d’un maître-chien entraîneur.

Dans la majorité des cas, le chien est adopté par son binôme maître-chien, prioritaire pour l’adoption, et devient alors un chien de famille.

Si le maître-chien ne peut pas ou ne souhaite pas l’adopter, le chien peut être cédé à un autre maître-chien de police municipale, à un particulier ou bien à une association de protection des animaux.

Les maîtres-chiens de la police municipale, tout comme leurs collègues, jouent un rôle essentiel dans la sécurité publique. Toutefois, leur spécificité réside dans l’utilisation de leurs chiens pour accomplir diverses missions.

Les policiers municipaux, y compris les maîtres-chiens, exécutent des tâches relevant de la compétence du maire. Ils assurent l’exécution des arrêtés municipaux et constatent les contraventions à ces arrêtés par procès-verbaux. Comme les autres policiers municipaux, les maîtres-chiens constatent certaines infractions au code de la route et au code pénal, dans la limite de leurs attributions.

Le quotidien d’un maître-chien de police municipale est rythmé par des patrouilles régulières avec son chien. Ils veillent à la tranquillité des quartiers, interviennent en cas de :

• nuisances sonores (tapage nocturne), 
• conflits de voisinage,
• bagarres,
• dépôts d’ordures,
• vols,
• non-respect des règles de stationnement et de circulation…

Lorsqu’ils ne sont pas en patrouille, les maîtres-chiens peuvent être affectés à la sécurité des bâtiments publics ou des événements culturels et sportifs. Ils peuvent inspecter les bagages et procéder à des palpations de sécurité avec le consentement des personnes concernées.

Les missions des brigades canines incluent également la capture de chiens errants ou dangereux, et elles peuvent intervenir en appui des gardiens de la paix ou des gendarmes.

Le chien, toujours muselé, obéit au doigt et à l’œil de son maître et est capable de frapper un individu agressif au niveau du sternum, de la tête ou des parties génitales.

Considéré comme une arme de poing, le chien ne doit frapper ou mordre qu’en dernier recours. L’emploi du chien de patrouille en frappe muselée ou au mordant obéit au principe de la légitime défense. Généralement, leur présence dissuasive permet de prévenir les infractions et d’empêcher l’escalade de la violence.

De façon plus occasionnelle, et si le chien est formé dans ce domaine, ils peuvent être sollicités pour des opérations de détection. Grâce à leur flair exceptionnel, les chiens peuvent retrouver des enfants perdus, des personnes âgées, des armes ou encore des stupéfiants. Cette mission n’est effectuée que dans le cadre d’une réquisition d’un Officier de Police Judiciaire (OPJ) de la police ou bien d’un OPJ de la gendarmerie.

Les maîtres-chiens doivent également prendre en charge la santé et le bien-être de leurs animaux, incluant le suivi des visites vétérinaires et la participation aux séances d’entraînement.

En dehors de leurs missions principales, les brigades canines participent à des démonstrations cynophiles lors de journées portes ouvertes, fêtes locales, et autres événements, renforçant ainsi les liens entre la population et la police municipale. Ils montrent les compétences de leurs chiens et expliquent leur rôle, contribuant ainsi à renforcer le lien entre la police municipale et les citoyens.

En somme, les maîtres-chiens de police municipale effectuent les mêmes missions que les autres agents, mais avec l’aide précieuse de leurs chiens. Leur travail est crucial pour assurer la sécurité des citoyens et renforcer le sentiment de sécurité au sein des communautés locales.

En 2022, 4.558 communes ou Établissements Publics de Coopération Intercommunale (EPCI) en France possédaient un service de police municipale. Parmi elles, 226 disposaient d’une brigade cynophile.

Les effectifs totaux de la police municipale comptaient 27.131 agents, dont 452 maîtres-chiens spécialisés dans l’utilisation de chiens de patrouille. En tout, il y avait 437 chiens de patrouille utilisés par ces brigades canines.

Les maîtres-chiens de la police municipale portent le même uniforme que leurs collègues. La tenue est principalement bleu foncé avec des éléments bleu ciel et bleu soutenu. L’insigne de la police municipale est inscrit en lettres blanches au dos du blouson.

La tenue comprend :

• un pantalon,
• un polo,
• un blouson,
• un manteau pour l’hiver,
• des chaussures type rangers,
• une casquette remplaçant le képi.

Ils possèdent également des équipements de protection individuels :

• casques pour se protéger des jets de pierres ou d’autres objets,
• vêtements de haute visibilité avec des bandes réfléchissantes,
• gilets pare-balles.

Les policiers municipaux peuvent porter des armes, sous l’autorisation du préfet et sur décision du maire :

• aérosols incapacitants,
• matraques télescopiques, tonfas et bâtons de défense,
• flash-balls,
• pistolets 9 ou 7,65 millimètres,
• revolvers de calibre 38 spécial,
• pistolets à impulsion électrique comme les tasers.

Depuis les menaces d’attentats, de nombreux maires ont décidé d’équiper leurs policiers municipaux d’armes à feu et de gilets pare-balles. En 2022, 58 % des policiers municipaux étaient équipés d’une arme à feu, et ce chiffre continue d’augmenter.

Une brigade canine de police municipale dispose, en plus, d’un équipement complet pour assurer la sécurité et l’éducation de ses chiens, incluant :

• des muselières de frappe,
• des laisses,
• des colliers ou harnais,
• des produits olfactifs pour l’entraînement,
• des manchettes ou jambières de débourrage pour entrainer les chiens aux attaques.

Les véhicules utilisés sont aménagés pour garantir le confort et la sécurité des chiens pendant les déplacements.

Devenir Agent de Police Municipale

Il est nécessaire de suivre plusieurs étapes pour pouvoir intégrer une brigade canine de la police municipale. La première consiste à devenir agent de police municipale.

Pour cela, un candidat doit d’abord réussir le concours de gardien de police municipale, puis suivre une formation initiale d’application de six mois, comprenant des cours théoriques et des stages pratiques.

À l’issue de cette formation, l’agent reçoit l’agrément du procureur de la République et du préfet du département, et prête serment devant le tribunal.

Les agents sont évalués par un comité pédagogique sur leurs connaissances théoriques et compétences opérationnelles avant de recevoir une attestation de réussite.

Tous les policiers municipaux doivent suivre une formation continue de dix jours tous les cinq ans. Cette formation inclut une évaluation par questionnaire à choix multiples pour maintenir ou perfectionner leurs compétences.

En cas d’autorisation de port d’armes, les agents doivent suivre une formation spécifique, dont la durée dépend du type d’arme : 45 heures pour les armes à feu de poing, 3 heures pour les lanceurs de balles de défense, et 18 heures pour les bâtons de défense.

A noter : il est aussi possible de devenir conducteur de chien dans la police nationale et maître chien dans la gendarmerie.

Formation à la spécialité cynophile

Selon l’article R. 511-34-6 du Code de la sécurité intérieure, seuls les agents de police municipale ayant suivi avec succès la formation préalable spécifique à la cynophilie peuvent être nommés maîtres-chiens. 

Cette formation spécialisée est essentielle pour garantir que les maîtres-chiens possèdent les compétences nécessaires pour travailler efficacement avec leurs chiens dans diverses situations de maintien de l’ordre.

Les formations sont organisées par le Centre National de la Fonction Publique Territoriale (CNFPT) et peuvent être assurées par des maîtres-chiens entraîneurs formés par le CNFPT avec l’aide de fonctionnaires d’État. Un arrêté du ministre de l’Intérieur détermine le contenu et la durée de ces formations.

Les maîtres-chiens doivent s’entraîner régulièrement à la spécialité cynophile pour maintenir et améliorer leurs compétences. L’absence de suivi des séances d’entraînement réglementaire conduit au retrait de la qualification de maître-chien, qui est attribuée par l’employeur.

Cette formation continue est cruciale pour s’assurer que les maîtres-chiens restent à jour avec les meilleures pratiques et techniques de la profession.

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